Depuis une dizaine d’années, Stephen Dock construit une œuvre essentiellement photographique qui interroge le rapport ambigu que l’homme entretient avec son environnement. Du Moyen-Orient à l’Irlande du Nord, en passant plus récemment par les territoires désindustrialisés d’Europe, ses images explorent ce qui se joue chez l’individu dans sa manière d’appréhender son existence, son quotidien et son rapport au vivant au sens large du terme.

Dans la continuité de cette recherche, ce nouveau travail s’attache à examiner notre relation à l’animal. Aujourd’hui, la place de l’animal est au cœur des débats contemporains. L’attitude de l’homme à son égard révèle une contradiction profonde, oscillant entre consommation, maltraitance, abandon, dépendance affective ou encore anthropomorphisme excessif.

Pour ce projet d’exposition mêlant installations vidéo et photographies, Stephen Dock s’intéresse au cas spécifique du lévrier espagnol, le galgo, utilisé pour la chasse au lièvre en Andalousie. Dépourvu de statut, réduit à sa seule fonction d’outil de chasse, ce chien est soumis à des pratiques de sélection d’une extrême violence. Les animaux jugés trop âgés ou insuffisamment performants sont condamnés à des supplices rituels. Parmi eux, la pendaison lente dite Tocar el piano (jouer du piano), au cours de laquelle l’animal suspendu tente désespérément de se maintenir en équilibre sur ses pattes arrière jusqu’à épuisement.

À travers le galgo, Stephen Dock met en lumière une allégorie : celle d’un système de domination ancien où l’animal devient le miroir des violences inscrites au cœur même de nos sociétés.

Sur l’artiste

Né en 1988 à Mulhouse. Vit et travaille à Cambrai. Stephen Dock est un photographe français autodidacte. En 2020, il est nominé pour le Prix Découverte Louis Roederer des Rencontres d’Arles et coup de cœur du Prix LE BAL de la jeune création en 2021. Son travail a été notamment exposé au musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône et à la Filature à Mulhouse en 2022. Attaché aux traces que laissent tous types de conflits, réels ou larvés, de classes ou états de guerre sur ses contemporains, il affirme une écriture de plus en plus plastique qui se fonde sur sa rupture avec les milieux journalistiques de ses débuts.

Production
Espace Croisé, centre d’art contemporain.
Exposition co-produite par Pictanovo dans le cadre du fonds Emergence.

Infos
. Vernissage le vendredi 10 octobre à partir de 18h
. Entrée libre, du mercredi au dimanche de 14h à 18h.
. Visites guidées & ateliers gratuits sur réservation : vuillerme@espacecroise.com